Tous les jours on répète des gestes. Du lever au coucher, notre vie est rythmée par des milliers de gestes que nous exécutons sans même y prêter attention. Puis un jour, on part et on sait que ce geste là on le fait pour la dernière fois. En lui même, c’est un geste banal : ouvrir les volets, débarrasser la table, prendre le courrier, … Cependant il est loin d’être le même que les jours précédents puisque c’est la dernière fois qu’on le fait. Et soudain toute l’attitude du corps change : la présence, l’attention, la conscience de l’instant, tout se remplit d’une autre dimension. C’est la dernière fois que nous faisons ce geste et ce n’est pas banal !
Parfois, on ne sait pas que c’est la dernière fois. C’est après coup qu’on le réalise. « Après coup » est une expression bien appropriée. On reçoit un coup qui arrive sans crier gare et après ce coup, (qui peut être fatal !) on réalise que c’était la dernière fois que…
Je viens de déménager. La prise de conscience de cette « dernière fois » m’a amené vers une réflexion que je partage avec vous. Développer notre présence à soi et au monde, c’est entrer dans la conscience du geste quel qu’il soit et je dirais même d’autant plus qu’il est insignifiant sans importance anodin superflu. Cependant si je donne à ce geste toute ma présence alors je le remplis de moi-même, je lui donne de la vie. Mon geste devient vivant, je le sanctifie. « Rien que ça ! » me direz-vous. Oui car la vie est sacrée. Et si je mets de la vie dans mon geste, je mets du vivant, donc du sacré. Sanctifier c’est faire du sacré !