Jeûne et spiritualité

Je me réjouis de partir dans quelques jours pour une retraite spirituelle tout en faisant un jeûne. Je connais le lieu, je suis une habituée. Là-bas, je me sens chez moi. Même si les participants sont nouveaux, je me sens en famille. Tous les avantages d’une famille sans les inconvénients ! Pas de dispute possible et un désir commun : vivre au mieux cette parenthèse !

Nous n’avons pas le temps de faire connaissance, du moins en parole car c’est une retraite en silence. Cependant quand on occulte l’expression orale, d’autres modes de communication se réapproprient la première place. Le corps tout entier se meut autrement sous l’action du jeûne, de l’énergie du groupe, du lieu et de ce que chacun traverse au fil de l’enseignement spirituel. Pour l’un, cela se manifestera dans le regard, pour l’autre le geste, chacun vivra ce temps d’introspection comme il le souhaite, ou comme il le peut. L’idéal serait dans le respect de lui-même.

Au fur et à mesure de la retraite, les attitudes changent. Le travail du jeûne nous fait descendre dans nos profondeurs et c’est plus ou moins agréable. Nos retrouvailles autour d’une tisane ou d’un thé marquent le rythme de nos journées. Nos regards se croisent, se sourient, s’évitent, se cherchent. Un visage fermé n’est pas forcément synonyme de souffrance, la personne peut traverser une grande prise de conscience et celle-ci mobilise tout son être. Le moindre geste prend de la consistance, les corps peu à peu s’habitent.

Deux petits cailloux comme bâton de parole chaque matin : un lisse pour l’agréable et un rugueux pour le difficile. Voilà notre seule parole du jour en groupe. Joie et peines sont ainsi déposées sur notre chemin de retraite. On se dépouille, on se vide dans une descente en rappel dont le fond se dévoile peu à peu à moins qu’il ne s’obscurcisse. L’absence de nourriture n’est pas forcément le plus difficile pour certains car qui dit silence, dit absence de communication avec l’extérieur.

Le corps n’a plus faim, alors l’âme ose appeler. Elle a soif. Elle veut sa nourriture spirituelle. Nous sommes guidés par l’enseignement reçu. Il vient nous façonner, nous bousculer, nous décentrer. Il nous faut travailler. Cela tombe bien, les journées sont longues et les nuits courtes. Le temps est plein. Nous marchons, nous méditons, nous prions. Le bien-être viendra dans l’abandon, le lâcher-prise, l’acceptation ou plutôt le « consentir à ce qui est présent ». Par le jeûne, nous nous rappelons concrètement, physiquement que nous ne nous suffisons pas à nous-mêmes et que notre âme aspire à retrouver Dieu. Dans l’intimité de notre relation avec le Divin, chacun avance à son rythme et reçoit ce dont il a besoin pour continuer à cheminer.

C’est une grâce et je rends grâce !

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