Les oeufs de Pâques

Les mythes païens ont ceci en commun qu’ils associent la naissance du monde à la déesse mère et … à l’œuf ! Le livre sacré des Anciens finlandais, le Kalevala, raconte que c’est de l’œuf qu’a surgi l’univers. La mère de l’eau, Iltamara, assoupie au fond de l’océan, son genou pâle et rond émergea comme une île. Le maître de l’air, ému par la grâce de cette forme pure, vint y déposer un œuf d’or qui, bien sûr, roula et se brisa. La coquille rompue devint le firmament, le jaune, le soleil radiaux, le blanc, la lune laiteuse, et les fragments épars, des étoiles semées sur la voute céleste !

En Inde, le grand poème épique intitulé le Mahabharata, parle aussi d’un œuf d’or flottant sur les eaux sombres du monde inférieur privé de lumière : il en devint le soleil et la source vitale.

Chez les Sioux, un petit oiseau, nommé esprit du Tonnerre, pond des œufs invisibles qui fécondent la terre pour le bonheur des hommes.

Dans de nombreux pays d’Europe circule un conte qui reprend ce mythe de l’œuf contenant l’âme d’un magicien, œuf dissimulé dans une île, sous un chêne vert, dans un coffre de fer contenant un panier d’osier où se trouve un lièvre ayant avalé un canard, et dans son estomac, l’œuf, et dans l’œuf, l’âme ! Et il n’est pas jusqu’à l’Ile de Pâques, la bien nommée, qui ne possède des pierres décorées où l’on voit un « homme oiseau » tenant un œuf dans sa main.

En Provence, en cadeau de naissance, on offre un œuf avec du pain pour que le bébé soit bon, du sel pour qu’il soit sain, et une allumette pour qu’il pousse bien droit.

Parce qu’il est associé à la vie, l’œuf l’est aussi à la mort comme gage de renaissance. C’est le cas de la reine mésopotamienne Subad qui vécut il y a 6000 ans à Ur, en Chaldée, la patrie d’Abraham ! Dans sa tombe, on a trouvé un œuf d’autruche formant une coupe sur un trépied d’or, joliment incrusté de nacre, de grenats et de lapis-lazulis. Chez les plus pauvres, ce sont des œufs d’argile qu’on plaçait auprès des défunts et même dans les tombes des premiers martyrs chrétiens ! (…)

Au Xe et XIe siècle, chez les Coptes d’Egypte qui comptent parmi les plus anciennes chrétientés d’Orient, on avait coutume d’échanger des œufs de couleur à Pâques. (…) Et le Roi Soleil, lui-même, faisait bénir des œufs dorés à la feuille qu’il distribuait à sa maison, courtisans et valets confondus.

En Russie et en Ukraine, on les peint très richement et savamment ; ils s’appellent pyssanki. En Hongrie et Roumanie, comme en Grèce, ils sont rouges, et décorent la table de Pâques après avoir été bénis au cours de l’Office pascal. Rouge, comme le sang du Christ répandu par amour, pourpre comme la victoire et la royauté du Fils de Dieu exalté à la droite du Père. (…)

A Pâques, les Chrétiens les échangent et les décorent, en signe de communion pour célébrer la vie surgie du tombeau, comme le poussin perce de son bec la pierre de la coquille ! Mais le plus étrange, c’est qu’à cette occasion, ils sont souvent couvés par un lapin qui est un lièvre en réalité ! Il s’agit de l’animal totémique d’Astarté, la déesse mère de la fécondité, célébrée au retour du printemps. Prolifique, il est un gage de prospérité.

« Si Pâques m’était conté » extraits p19, 20 et 22 Jocelyne Tarneaud

 

 

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