Faire la paix. Certes. Mais faire en sorte que cette paix dure et qu’elle puisse traverser toutes les épreuves… Pas simple. Car faire la paix quand tout va bien, c’est plutôt facile. C’est un peu comme proposer à quelqu’un ayant le ventre rempli de commencer un jeûne !
Et puis, cela dépend avec qui, avec quoi on veut faire la paix. Il y a des personnes avec lesquelles c’est évident, on peut faire la paix, par contre pour d’autres… Pas simple.
« Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? » Matthieu 5:46
Je suis là à marcher en forêt, instinctivement je rends grâce pour les moments de joie en vacances chez mes aïeux paternels. Je chemine. Mes pensées voyagent dans cette lignée. Et ma marche doucement me fait regarder ma lignée maternelle… Pas simple. Une mère castratrice, manipulatrice. Un grand-père pédophile, violeur, incestueux, voyou, bigame, … Une grand-mère surnommée « la mère maquerelle »par mon père.
Cette grand-mère a porté dix enfants dont ma mère. Je ne connais pas son histoire. C’était un autre temps, une autre langue. Je me souviens pourtant de son autorité, de ses énormes plats de beignets gras et sucrés, de la musique tzigane. C’était un personnage. Je viens d’elle. M’a-t-elle aimée ? Je n’en sais rien. Mais je viens d’elle. Si j’existe c’est parce qu’elle a donné la vie à ma mère qui elle-même m’a donné la vie.
Après moi, il n’y a pas eu de fille. Mes frères n’ont pas eu de filles non plus. La chaîne de l’inceste a été rompue. Une autre fille est née, ma petite-fille, elle vient d’un ventre dont (j’ose croire) la lignée n’a pas connu l’inceste.
Faire la paix. Je me tourne vers toi, je revois ton visage, je te tends ma main, j’ouvre mon coeur vers toi et j’espère que là où tu es, tu es en paix.
Ton sang coule dans mes veines. C’est peut-être toi qui m’as donné la force et le courage d’avancer.