Le travail sur le pardon est un chemin difficile. Je ne sais pas s’il se termine un jour. Pour ma part, c’est un travail qui revient régulièrement en fonction de ce que je traverse dans ma vie. Je crois qu’il y a au moins un pardon que j’ai réussi à donner avec enfin la certitude que des deux côtés tout était apaisé. C’est celui de mon grand-père. Ce n’était pas facile car ce chemin je l’ai fait alors qu’il était mort. Mais je sais aujourd’hui dans tout mon corps que là où il est, il a pu voir ses fautes et que désormais il me protège : c’est son acte de réparation pour moi.
C’est tortueux le pardon : comment l’accorder alors que l’autre ne le demande pas ? J’y travaille souvent, comme je l’ai dit. Parfois je tourne autour, je cherche le fil qui peut-être sera le bon. Dernièrement en écoutant une amie chère à mon coeur (une grande dame de 90 ans), j’ai vraiment compris que dans cette résistance se lovait un noeud qu’il nous fallait absolument délié pour atteindre la paix. Elle me racontait combien elle était dans l’incapacité de pardonner à un homme qui, dans une vie antérieure (elle a fait une expérience de mort imminente) l’avait profondément traumatisée. C’est deux jours plus tard, en marchant dans la forêt qu’il m’a semblé avoir trouvé un bout du fil : Accorder le pardon, c’est renoncer au pouvoir que nous exerçons sur l’autre et c’est en même temps libérer l’autre du pouvoir qu’il exerce sur nous.
Je mâche et remâche encore tout en marchant le long de mon fil.