La reconversion professionnelle prend sa source dans le besoin de s’accomplir. C’est petit à petit qu’un ras-le-bol s’installe et puis un jour on décide de tout changer pour un idéal qui correspond plus à nos valeurs. L’erreur serait de croire que c’est la fin de la lutte, en fait ce n’est que le début d’une grande aventure. Car on n’a jamais fini de se découvrir : nos potentialités se révèlent dans les épreuves et nos succès naîtront de notre capacité à accueillir nos erreurs.
Revendiquer sa vérité est louable mais il est vain de vouloir le chanter sur tous les toits. Au final cela ne sert que notre orgueil qui adore se draper du manteau de la frustration, de l’injustice et de la trahison. Il n’y a qu’une personne à convaincre, c’est nous-même. Il n’y a qu’une personne à guérir, c’est nous-même. Il n’y a qu’une personne à qui il faut pardonner, c’est à nous-même.
Ceux et celles qui me connaissent depuis longtemps doivent penser que j’ai bien changé. Et c’est vrai ! Exit la Marie-Claire qui tel Don Quichotte partait au combat de la justice et de la vérité. J’ai arrêté de vouloir sauver le monde. J’ai appris et j’apprends encore que rien n’est figé et que tout à chaque instant peut arriver. J’ai appris à écouter plutôt qu’à conseiller. J’ai appris à me taire parfois… de plus en plus souvent.
Je me souviens des vieux de mon enfance, ceux qui restaient là sur un banc dans la douceur d’une fin d’après-midi d’été. Ils ne parlaient plus. Ils regardaient la vie passer autour d’eux. Les deux mains appuyées sur la canne, ils étaient là présents au vent qui jouait à cache cache avec l’ombre des branches du vieux chêne. Je les voyais presque déjà morts avec mes yeux d’enfants. Aujourd’hui je sais, que mes allées et venues sur le vélo de ma grand-mère les faisaient voyager au fil de leur vie. Maillons de la chaîne humaine, ils témoignaient de la fragilité de l’existence et je ne le savais pas, toute éprise de fougue et d’appétence à la vie.