Je vais partir deux semaines comme bénévole à Lourdes. J’ai déjà vécu deux fois cette expérience, une heureuse, l’autre difficile. J’ai laissé du temps au temps avant de postuler pour une troisième mission. J’emploie à bon escient ce mot « Mission »car c’est ainsi que j’aborde ce bénévolat et j’espère en être digne.
Dans le domaine du bénévolat, on rencontre beaucoup de souffrance, mais pas seulement du côté que l’on croit ! Il y a des personnes qui sont en marge de la société pour différentes raisons (parfois cumulées) : chômage, divorce difficile, précarité, grande solitude. A travers le bénévolat, elles vont retrouver une forme de dignité grâce à un statut, un titre, une fonction. Malheureusement les personnes les plus en souffrance vont s’attacher fermement à leur poste (j’ai envie de dire à leur pouvoir) au détriment parfois de la mission pour laquelle elles sont là. Par conséquent, on trouve dans les associations les mêmes poisons que dans les entreprises ou toute autre organisation : jalousie, manipulation, délation, … et j’en passe.
Au cours de ma deuxième mission, j’ai été agressée par une femme bénévole. Du moins, j’ai ressenti son attitude comme une agression, et je me suis sentie agressée. Avec le recul, je revois la scène : peut-être qu’il n’en était rien pour elle, c’était peut-être son comportement habituel, une façon à elle d’entrer dans la relation. Oui, mais non, car j’étais sa cible depuis plusieurs jours. Et ce jour-là elle était allée trop loin et elle m’a menacée physiquement. Qu’avais-je fait pour qu’elle ressente le besoin de manifester son agressivité à mon encontre ? Rien, ni plus ni moins vis à vis d’elle que vis à vis des autres. Alors, pourquoi ?
Et si c’était moi qui l’avait agressée ? Simplement par ma présence. Tout en moi pouvait lui faire penser que nous ne vivions pas les mêmes « galères », ma simple présence était une provocation, un effet « plein phare » sur nos différences de vie. Ce n’est pas une question de physique ni de tenue vestimentaire, c’est tout un ensemble de détail qui laisse supposer que la chance n’a pas été toujours au rendez-vous. A ce moment-là, je ne l’ai même pas envisagé, j’en étais incapable, je ne voyais que l’agression et j’ai quitté mon poste.
Aujourd’hui je remercie cette femme. Cette épreuve que j’ai vécue comme un échec personnel est devenu source d’apprentissage. Je veux aborder ce nouvel engagement autrement. Je souhaite vivre pleinement ce qui adviendra et considérer que tout est propice à ma croissance spirituelle. Car au fond, la seule chose sur laquelle je peux intervenir c’est sur moi-même : mes pensées, mon regard, mon attitude…Tout un chemin vers l’humilité à laquelle j’aspire.